Pièce de théâtre : On déménage !

Il y a maintenant une année, j'ai écrit une pièce de théâtre, un peu sur un coup de tête, en un week-end, pour une troupe de théâtre amateur.
Elle a été jouée au printemps dernier et si ça vous dit de la lire, je vous la mets en "épisodes".
Donnez-moi votre avis, j'ai besoin de vraie critiques pour prendre du recul, parce que le "montage" de cette pièce n'a pas toujours été une partie de plaisir...
Du coup, j'ai besoin de savoir : je jette, je garde ?


Particularité du décor : la scène est partagée en deux (1/3 - 2/3) pour laisser voir à la fois le studio de Carole et le salon de l’appartement où elle emménage avec Marc.

j'ai hate de te lire je suis très fan de théatre..
tu met à la suite ou tu édites ton message?

J'ajouterais la suite en réponse, pas que je veuille augmenter mon nombre de messages, mais parce que pour ce qui est de la mise en page (gras, italique...)ce n'est pas très pratique lorsque le message est long...
Alors, la suite viendra petit à petit...

pas de personnage "Eternel enfant" ? ^^

Pourquoi ?

Je vois avec horreur que je m'étais fait caguer à mettre en page la première scène, mais qu'elle n'apparaît pas

Bon, ben je recommence quoi... c'était un peu nul comme début du coup, de mettre que les noms des personnages...

Scène 1

La scène se déroule dans le studio de Carole. On voit des cartons prêts, d’autres encore ouverts, une armoire partiellement vidée, bref, un déménagement est visiblement en cours. Il y a aussi un lit sommaire. Dans un coin, mais visible tout de même, une statue plutôt de mauvais goût... Dans la pièce, Carole et Nathalie sont occupées à emballer des bibelots et discutent gaiement.

CAROLE - Ah ! je n’aurais jamais pensé que c’était si long de tout empaqueter ! Qu’est ce que j’ai comme bazar quand même. Non mais tu y crois ? On dirait que j’habite ici depuis quinze ans... On viderait l’appartement d’une centenaire qui a gardé tous ses souvenirs, ça serait pas pire.

NATHALIE (en rigolant) - Ça, on peut dire que tu aimes conserver... Tu peux me dire ce que c’est, ça ? (Elle tient à la main une petite boîte dont elle observe le contenu avec perplexité.)



CAROLE (avec un air attendri) - Oh ! La rose de Martin....

NATHALIE - Comment ça « la rose de Martin » ? (elle imite le ton ému de Carole) C’est une rose, ça ?

CAROLE (toujours rêveuse) - Oui.... (puis elle reprend un ton plus ferme) Enfin, c’est du moins ce qu’il en reste...

NATHALIE - Et Martin, c’est qui ?

CAROLE - Mais tu sais bien, Martin Gallian, mon premier flirt, tu ne t’en souviens pas ?

NATHALIE - Ah oui ! un petit boutonneux timide qui te récitait des poèmes... La honte !

CAROLE - Tu es méchante, il était gentil Martin... Les autres se moquaient de lui parce qu’il était timide et pas très beau, mais n’empêche que c’est lui qui m’a offert ma première rose... Je l’ai faite sécher pour la garder, mais avec le temps elle s’est abîmée, cassée.... Bref, j’ai mis les débris dans cette boîte !

NATHALIE (roulant les yeux) - Qu’est-ce que tu peux être fleur bleue ma pauvre Carole, toujours prête à ramasser les moineaux blessés... J’espère que ce n’est pas pareil avec ce Marc... Lui aussi est « timide et pas très beau » ?

CAROLE (amoureusement) - Non, Marc, il est... Comment te dire... J’ai l’impression de le connaître depuis toujours.

NATHALIE - Euh... Deux mois, c’est pas vraiment toujours.

CAROLE - Mais tu n’y connais rien... Avec lui on se comprend sans avoir besoin de parler... C’est comme si on ressentait la même chose que l’autre en même temps.

NATHALIE - Ça, je confirme, je ne connais pas... Avec Julien, même quand on se parlait, on ne se comprenait pas...

CAROLE - Tu es bête... Julien, il n’était pas fait pour toi, voila tout... Mais un jour, je suis sûre que tu rencontreras l’homme fait pour toi, exactement... C’est ce qui m’arrive avec Marc... Tu crois toi aux âmes sœurs ?

NATHALIE - J’aimerais bien, mais je dois dire que si la mienne décidait à montrer le bout de son nez, ça m’aiderait à y croire...

CAROLE - Tu sais, je crois qu’il suffit d’être prête à l’accepter... Moi, je l’étais...

NATHALIE - Toi tu es prête depuis la maternelle... Le moindre sourire et tu crois au prince charmant, à l’amour éternel... Mais je te rappelle tout de même que la dernière fois, Floriane et moi, on t’a ramassée à la petite cuillère !

CAROLE - Rien à voir ! Avec Thierry, il nous a fallu deux ans pour décider de vivre ensemble et ça a été le foirage total...

NATHALIE - Et ???

CAROLE - Là c’est différent... Il ne nous a fallu que deux mois !! C’est donc qu’on est bien plus sûrs !

NATHALIE - J’envie ton optimisme... J’espère juste que tu ne fonces pas droit dans le mur... Parce que je ne sais pas si on supportera encore une fois le naufrage du Titanic...

CAROLE - Aucun risque ! Là c’est certain, le bateau est absolument insubmersible...

NATHALIE - Moi, je crois que si je voulais une histoire d’amour insubmersible, je serais obligée de vivre avec un sous-marinier...
Elles éclatent de rire en continuant à ranger des affaires.

CAROLE - Bon, moi j’en ai assez... Si on faisait une pause ? Allez, tiens, je vais te faire visiter l’appartement que nous avons choisi.

NATHALIE - Tu as déjà les clés ?

CAROLE - Oui, les anciens locataires ont fini de déménager avec un peu d’avance et ils nous ont déjà remis les clés, comme ça, on peut transférer nos affaires petit à petit. Tiens, prenons chacune un carton, ça sera toujours ça de fait...
Elles prennent chacune un des cartons près de la porte et sortent du studio.



Carole, Nathalie

Carole et Nathalie arrivent dans le nouvel appartement avec leurs cartons. Dans cet appartement, il n’y a pas encore beaucoup de mobilier : une table basse, un canapé et quelques cartons empilés dans un coin. Une porte d’entrée et une porte d’accès à la cuisine.

NATHALIE - Superbe ! Dites donc, vous avez eu de la chance sur ce coup là... Le quartier a l’air sympa.

CAROLE - Oui, Marc a vu la petite annonce pour l’appart et c’est vrai qu’après on a eu de la chance. A cause de la grève, beaucoup de personnes ont renoncé à la visite. Mais comme Marc a un scooter, nous avons pu venir et je crois que la propriétaire nous a pris à la bonne. Elle nous a raconté comment elle et son défunt mari s’étaient rencontrés... Bref, on a eu l’impression de lui rappeler de bons souvenirs.

NATHALIE - Entre fleurs bleues... on se comprend...



Elles ont déposé leurs cartons et Nathalie fait le tour de la pièce. Quand, tout à coup, le téléphone de Carole sonne.

CAROLE (répondant au téléphone) - Allo ? Ah salut !.... Oui, je suis justement en train de le faire visiter à Nathalie... Quoi ? Tu es dans le quartier ?... Alors rejoins-nous, tu visiteras aussi... Mais non, le chemin est facile... Oui, je te connais, il te faut un plan pour retrouver ta salle de bain ! (à Nathalie) C’est Floriane, elle dit qu’elle est dans le coin...

NATHALIE - Merci, j’avais compris... Qui d’autre qu’elle a besoin d’un plan dans son studio de 12m2...

CAROLE (reprenant sa conversation au téléphone) - Mais non.... C’est Nathalie qui se moque de toi... Bon, d’accord... Je viens te chercher à l’arrêt de bus.... Oui... J’en ai pour cinq minutes à pied... Allez à tout de suite ! (elle raccroche) Ah, Floriane... Elle est impayable ! Bon, tu m’excuses, mais je vais la chercher à l’arrêt de bus, ça ira plus vite que de lui expliquer le chemin.

NATHALIE - Oui et qu’elle se perde trois fois parce qu’elle a confondu la gauche et la droite...

CAROLE - Tu exagères quand même... En attendant, fais déjà le tour, ne te gêne pas...

NATHALIE - Oui, mais si ton Marc arrive ? Je ne le connais pas moi...

CAROLE - Pas de soucis, il travaille à cette heure-ci... Et puis, de toute façon, il ne va pas te manger ! Je suis sûre qu’il va te plaire !

Elle sort et laisse Nathalie seule qui observe encore la pièce, puis se dirige vers la porte de la cuisine et sort. Au même instant, Marc entre avec Jules.

MARC - Non, je vous assure, ça ne peut plus durer... Au début, je dis pas, vous savez comment c’est quand on est amoureux, on oublie tout le reste, mais avec le temps, ça m’est devenu insupportable... Elle est là tous les matins, à me fixer de ses grands yeux vides... Je ne la supporte plus ! Et là, je m’apprête à commencer une nouvelle vie !

JULES - Je vous comprends... Des fois, il faut savoir tirer un trait sur le passé... Et moi, ça fait bien mon affaire...

MARC - Oui, vraiment, vous me retirez une épine du pied. Je n’en peux plus... Bon, alors c’est décidé, je me procure ses clés et vous faites le boulot discrètement ?


Jules, Marc

JULES - Pas de soucis, mon petit monsieur... Il n’y a pas plus discret que moi... Une vraie tombe ! Et vous savez, je fais mon taf dans les règles de l’art, si on peut dire. Les clients ne se sont jamais plaints... Comme dit ma femme Germaine : « Ah, mon bon Jules, tu es complètement esclave de ton travail... Un jour, ça te tuera !.» Ce qu’elle ignore, c’est que je suis déjà son esclave à elle... Alors avec mon travail, je m’évade ! Et c’est toujours un plaisir d’aider un jeune homme comme vous qui rêve d’une nouvelle vie !!

MARC - Bon bon... Trêve de discussion, je ne peux pas traîner ici, moi... Je dois retourner au travail. J’ai raconté que je devais venir ouvrir pour les peintres, ça ne peut pas me prendre deux heures tout de même... Monsieur Jules, je vous appelle dès que j’ai réussi à me procurer ses clés, bonne journée.

JULES - Vous tracassez pas, m’sieur Marc, ça se passera comme sur des roulettes... Et je veillerai à ne pas l’abîmer... A la revoyure !

Marc ferme la porte et semble soulagé.

MARC - Ouf, bon débarras, j’allais pas la liquider moi, quand même...

Nathalie, depuis derrière la porte, a entendu toute la conversation. Marc sort peut après Jules et elle ressort de la cuisine.

NATHALIE - Ah oui... Il est beau le tourtereau... Tu parles d’une âme sœur... Quel salaud ! Il n’a même pas encore quitté l’autre femme... Et lâche en plus de ça ! Tu crois qu’il aurait le courage de la congédier bien proprement ? Non, monsieur s’offre les services d’un tueur à gages ! Quelle horreur ! Si Carole savait ça... Mais où a-t-elle pu dénicher ce sale type ? Ah oui, il est beau... Pour ça, c’est sûr... Et sans doute beau parleur aussi !

Toujours dans le nouvel appartement, Carole est de retour avec Floriane, qui porte plusieurs petits sacs, visiblement elle faisait du shopping. Elles entrent en rigolant et s’arrêtent devant la mine tirée de Nathalie.

CAROLE - Tu en fais une tête ! Il ne te plaît pas mon appart ?

NATHALIE (en essayant de se recomposer un visage joyeux) - Si... Si... Tu parles... Il est parfait l’appart... Bon, je ne connais pas encore celui qui va le partager avec toi, mais l’appart en tout cas, il est bien...

FLORIANE - Pourtant, quand on est arrivées, on aurait dit que tu avais vu un fantôme...

NATHALIE - Non, non... Juste un monstre... Mais non, je plaisante ! Je pensais à mon boulot, alors pas de quoi danser la samba !

CAROLE - Toujours ta vieille peau de chef qui t’en fait baver ?

NATHALIE (heureuse de ce prétexte tout trouvé) - Euh, oui, c’est ça... Bon allez, parlons d’autre chose !

FLORIANE - C’est vrai qu’il a l’air chouette cet appart ! Je suis contente pour toi Carole, tu n’imagines même pas. Et l’amoureux... Quand est-ce que tu nous le présentes ?

CAROLE - Il travaille beaucoup ces jours, pour pouvoir finir ses dossiers et qu’on ait quelques jours ensemble pour peaufiner la déco de l’appart...

FLORIANE - Ah, je crois bien que tu es tombée sur la perle rare !

NATHALIE (en aparté) - Pour être rare... Elle est rare...

CAROLE (à Floriane) - Notre éternelle « optimiste » de Nathalie a des doutes.... Elle pense que je m’engage trop tôt...

NATHALIE - Mais non, j’ai juste peur que tu te fasses du mal !

FLORIANE - Moi je crois qu’elle est juste jalouse, parce qu’elle va être la dernière des trois à vivre en célibataire...

NATHALIE - N’importe quoi !

CAROLE - Allez les filles ! Champagne ! Je vais le chercher dans la cuisine... (à Floriane) La cuisine est équipée, alors j’ai pensé qu’il fallait avoir quelques bouteilles au frais pour les occasions.

FLORIANE - Toi, dès qu’il s’agit de faire la fête, tu es super bien organisée !

Carole part dans la cuisine et laisse Floriane et Nathalie seules.

FLORIANE - Tu n’es pas très sympa... Elle semble tellement heureuse ! Il faut la comprendre : le coup de foudre, le nouvel appart... Ne lui gâche pas son plaisir avec tes sermons...

NATHALIE - Si tu savais ce que je sais... Tu serais moins enthousiaste... Je l’ai vu son Marc... Il y a quelques minutes pendant qu’elle venait te chercher !

FLORIANE - Et ? Il ne te plaît pas et ça te donne le droit de le juger ?

NATHALIE - Non, pas du tout... Figure-toi que je le trouve tout à fait craquant même...

FLORIANE - Ah, je vois... Madame le trouve trop bien pour Carole... Tu préférerais qu’il soit tombé amoureux de toi ?

NATHALIE - Mais tu vas te taire oui ? Je peux finir de te raconter où tu vas prendre sa défense chaque fois que j’ouvre la bouche ?

FLORIANE - Vas-y... Crache le morceau, mais je te préviens, je ne rentre pas dans tes délires sous prétexte qu’ils se connaissent seulement depuis deux mois...

NATHALIE - Le Marc, il est venu ici avec un type, genre louche, tu vois. Et il lui a demandé de le débarrasser d’une femme... ça te la coupe ça, non ?

FLORIANE - Qu’est-ce que tu racontes ?

NATHALIE - Oui, il a dit comme ça : « je ne peux plus la supporter, je commence une nouvelle vie... » Ah oui, et il a ajouté : « je vous fournis ses clés et vous faites le boulot discrètement » !

FLORIANE - Tu es sûre qu’il parlait d’une autre femme ?

NATHALIE - Et de quoi voulais-tu qu’il parle ? De sa voiture ?

FLORIANE - Pourquoi pas ? Ça a des clés une voiture...

NATHALIE - Oh non.... Mais qu’est-ce que tu peux être naïve... Ton garagiste, tu le fais venir chez toi ? Et tu lui dis de faire le boulot discrètement ?

FLORIANE - Ah non, pas vraiment... Mais remarque, moi j’ai pas de voiture, alors...

NATHALIE - Chut... Tais-toi, elle revient !

Carole arrive avec la bouteille de champagne et trois tasses à café.

CAROLE - J’avais pensé à la bouteille, mais pas aux verres... Ils sont encore dans un carton et pas moyen de savoir lequel... Je n’ai trouvé que ça (elle montre ses tasses à café)

FLORIANE - Tant pis, on fera avec... Ce qui compte, c’est le contenu, pas le contenant...

NATHALIE - Un peu comme un appart quoi... (Floriane la pousse du coude, mais Carole occupée à ouvrir la bouteille ne remarque rien. Elle donne une tasse à chacune.)

CAROLE (levant sa propre tasse) - A ma nouvelle vie !

NATHALIE et FLORIANE - A ta nouvelle vie !



Carole, Floriane, Nathalie

On sonne à la porte.

CAROLE - Déjà de la visite ?

NATHALIE (discrètement à Floriane ) - Je te préviens, si c’est Marc, je me tire...

Simone, la voisine, entre sans se gêner et se présente.

SIMONE - Bonjour ! Je m’appelle Simone, je suis votre voisine du dessous !

CAROLE - Enchantée, moi c’est Carole et voici Nathalie et Floriane, mes amies qui sont venues visiter mon nouveau chez moi ! Nous nous apprêtions à boire une coupe ou plutôt une tasse de champagne, vous vous joignez à nous, Simone ?

SIMONE - Oh, c’est que je ne voudrais pas déranger... (en parlant, elle s'assied néanmoins.)

CAROLE - Ne bougez pas... Je vais vous chercher une tasse.... (en allant dans la cuisine, elle continue à parler) Je n’ai pas encore mis la main sur les verres, alors si ça ne vous dérange pas... (Elle revient avec une tasse.)

SIMONE - Pas du tout... Vous savez, je n’ai pas si souvent l’occasion de boire du champagne... Alors dans un verre ou dans une tasse ! A la bonne vôtre ! (elle regarde autour d’elle) Et vous emménagez ici toute seule ?

CAROLE - Non, nous serons deux...

SIMONE - Ah, le beau brun que j’ai vu passer tout à l’heure avec un vieux bonhomme ?

Nathalie lance un regard éloquent à Floriane.

CAROLE - C’est un beau brun en effet, mais à mon avis, ce n’est pas celui que vous avez vu... Il n’est pas venu aujourd’hui. Il travaille beaucoup mon Marc, il est informaticien...

SIMONE - Ah bon... J’ai pourtant cru qu’ils étaient venus à votre étage... Remarquez c’était peut-être au dessus. Ça ne m’étonnerait pas d’ailleurs. Avec le défilé qu’il y a au dessus de chez vous... J’espère que vous n’avez pas peur du bruit ?

CAROLE - Pourquoi ? Je croyais que le quartier était très calme ?

SIMONE - Le quartier, oui, mais pas votre voisine du dessus... Elle reçoit très souvent... Des hommes, je veux dire... Ça n’arrête pas ! Parfois, il y a aussi des femmes qui viennent, très mauvais genre... Des amies, je pense. En tout cas, je ne sais pas quand elle travaille.

FLORIANE - Elle travaille peut-être à domicile. Avec internet, ça se voit de plus en plus de nos jours.

SIMONE - Oui, c’est ça... À domicile ! Mais si vous voulez mon avis, elle n’a pas besoin d’ordinateur... Enfin, moi ce que j’en dis. Du moment qu’elle est polie... Et puis, je ne suis pas une fouineuse moi, pas comme Madame Alvarez la concierge. Une vraie pipelette celle-ci. Tenez ! Si elle venait sonner maintenant, je suis sûre que ça ne la gênerait pas de rester pour trinquer avec nous... Sans gêne la mère Alvarez...

NATHALIE (moqueuse)- Alors là, en effet, s’inviter ainsi sans se préoccuper du dérangement... Quel toupet !

SIMONE - Et en plus, elle est médisante ! Toujours à critiquer tout le monde et à inventer les pires horreurs... Tiens, je me demande ce qu’elle vous dirait de moi !

CAROLE - Je l’ai croisée l’autre jour, elle m’a paru charmante...

SIMONE - Pas étonnant, elle veut vous amadouer... En savoir davantage sur vous et votre mari et ensuite elle cancanera dans tout le quartier !

CAROLE - Nous ne sommes pas mariés... En fait, nous nous connaissons depuis deux mois seulement avec Marc ! Mais, c’était comme qui dirait le coup de foudre !

SIMONE - Eh bien ! Faites en sorte qu’elle ne l’apprenne pas ! Qu’est-ce qu’elle dirait : « ah ces jeunes, jamais mariés, aucune morale... » et patati et patata. Bon, c’est pas tout, mais j’ai mon gigot au four moi. (Elle vide d’un coup sa tasse et se dirige vers la porte.) A un de ces jours mademoiselle Carole !

NATHALIE - Et voilà ! Je parie qu’elle court directement chez la concierge raconter tout ce que tu lui as dit ! Ah ma pauvre Carole, tu es bien entourée ! Deux commères et une fille de petite vertu !

Elles rigolent toutes les trois...

FLORIANE - Moi, je n’ai pas de gigot au four, mais il faut que je vous quitte les filles.

NATHALIE - Oh, je n’avais pas vu l’heure ! Moi aussi, je me sauve !

CAROLE - Je pars avec vous, je vais continuer mes cartons et essayer de me débarrasser de mes souvenirs encombrants...

NATHALIE (à Floriane) - Ah oui ! Tu as loupé le coup de la rose de Martin... Je te raconte...

En parlant, elles sortent toutes les trois, mais Floriane oublie un petit sac au pied du canapé.

j'aime beaucoup !
(en plus avec les photos c'est encore plus sympa)


la suite please !!

Marc entre dans l’appartement avec Edouard. Ils portent eux aussi des cartons et la porte reste entrouverte.

EDOUARD - Pas mal l’appart ! Tu m’étonneras toujours Marc... Tu as une chance insolente, tout te réussit. Tu ne fais aucun effort et les filles te tombent dans les bras. Tu visites un appart et c’est le bon !

MARC - Tu exagères... Je reconnais que là, j’ai eu de la chance. Cette fille est une vraie fée. Je ne voudrais pas paraître trop naïf, mais je crois que j’ai trouvé mon âme sœur.

EDOUARD - Toi ? Une âme sœur ? Laisse-moi rigoler... Ça va t’amuser quelques temps et ensuite tu chercheras si ton âme sœur n’a pas une jumelle ou une amie célibataire !

MARC - Non, crois-moi, c’est différent... Je veux vraiment vivre avec elle et si elle le veut bien, fonder une famille avec elle.

EDOUARD - Une famille ? Toi, Marc ? Tu veux fonder une famille ? Ah non mais, ce n’est pas une fée, c’est une sorcière ma parole ! Elle t’a lancé un sort, ça ne fait pas de doute, ou alors c’est quelqu’un qui a pris possession de ton corps et qui me fait marcher... (Il fait le tour de son ami, comme s’il cherchait la supercherie.)

MARC - Qu’est-ce que tu fais ? Tu crois peut-être qu’il y a une fermeture éclair dans mon dos et que j’abrite un alien ? Tu regardes trop la télé mon pauvre Edouard...

EDOUARD - En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’on ne regarde pas la même chaîne... Moi « Harlequin Channel » je ne la capte pas !

MARC - Quel crétin ! Attends seulement de la connaître, tu verras que ce que j’en dis n’est qu’un pâle résumé de la réalité.

EDOUARD - Je m’incline, admettons que tu sois vraiment amoureux... En effet, j’ai hâte de la connaître cette magicienne.

MARC - Il y a juste ce petit détail dont je t’ai parlé...


Marc, Edouard

EDOUARD - Oui, évidemment, tu ne peux rien faire simplement... Dis-moi, tu l’as trouvé comment ton Monsieur Jules ?

MARC - Une petite annonce dans le journal : « Débarrassez-vous de votre ancienne vie sans effort, faites appel à un spécialiste. »

EDOUARD - Moi, je me méfierais tout de même... Ça pourrait t’attirer des ennuis. Imagine que quelqu’un le voit sortir de l’immeuble ?

MARC - Mais, non, il m’a assuré qu’il était discret. Il a l’habitude, c’est son boulot tout de même...

EDOUARD - Je ne sais pas, moi, je ne la sens pas ton histoire...

MARC - Oh, toi de toute façon, tu es trop frileux ! C’est pour ça que tu n’arrives jamais à rien. Il faut oser prendre des risques dans la vie ! Moi en tout cas, je suis prêt à en prendre pour cette fille...

EDOUARD - Tu m’excuseras, mais une relation entachée de mensonges, je n’y tiens pas plus que ça, moi...

MARC - Oui, bon, ce n’est pas bien méchant tout de même...

EDOUARD - Question de point de vue... Ça n’est pas très reluisant non plus... Et imagine qu’elle le surprenne elle-même ton monsieur Jules, tu aurais l’air malin...

A ce moment là, Floriane apparaît à la porte restée entrouverte. Elle est venue rechercher son sac. En voyant les garçons, elle hésite à entrer, puis décide de rester derrière la porte, dans le but d’entendre quelque chose qui confirmerait ou infirmerait l’histoire de Nathalie.

MARC - Pas de risque, je ferai en sorte qu’il aille chez elle à un moment où je sais qu’elle n’y est pas. Et puis, il m’a assuré qu’il était discret, il prendra les précautions nécessaires.

EDOUARD - Tu as vraiment l’art de te compliquer la vie toi... Tu ne pourrais pas lui dire simplement que tu n’en veux plus ? Et puis, dans un premier temps, tu pourrais t’accommoder des deux... Il sera toujours assez tôt de la liquider dans quelques temps, lorsque tu seras sûr que c’est bien elle la femme de ta vie.

MARC - C’est trop tard mon vieux. Monsieur Jules attend mon coup de fil. Je ne peux pas lui faire faux bon. Allez, viens, je te fais visiter le reste.

Les deux disparaissent par la porte de la cuisine. Floriane entre et récupère son sac.

FLORIANE - Nathalie avait raison... Il prépare un sale coup... Et son copain à l’air aussi tordu que lui.... Garder deux femmes pour se laisser le temps de réfléchir... C’est bien les mecs ça !

Elle sort à son tour en claquant la porte.

j'aime !!

j'ai quelques idées de ce qu'il doit "liquider"... mais j'attends la suite avec impatience !

(il y a une capture vidéo de la pièce?)

Oui, elle a été filmée et on devrait avoir "bientôt" (depuis juin...) le dvd...
En même temps, comme je me suis un peu frité avec la troupe...

Ha ben raconte raconte !!

Quoi ? le fritage ?

Ha ben oui !

je plussoie !

tu t'es fritée avec TOUTE la troupe? wouhouuuuuuuuaaaaaaahhhhhhhh......... [en mode Klaus] j'suis trop fan

Pas tout à fait, mais presque...
En gros, la veille de la générale, je me suis engueulée avec un des comédiens, qui a dit tout fort ce que beaucoup d'autres pensaient tout bas et je me suis cassée !
Si je vous dit que le comédien en question est celui qui doit faire le DVD, ça vous éclaire ou pas ?

Aïe...

Et j'ai retrouvé la musique composée par Pascal pour la pièce !!! Elle était perdue dans un coin de mon PC..

Voici donc la musique de fin de l'acte 1 :

sympa !

mais on peut avoir la suite de l'histoire sivouplé?

Voilà, voilà, ça arrive !!!



Retour dans le studio de Carole, où les cartons ont avancé. Presque tout est vide, à l’exception de la statue qui est toujours là et du lit. Carole est avec sa mère en train de ranger des affaires.

THÉRÈSE - Ah ma petite fille, je me demande si tu ne fais pas une bêtise... Tout cela va beaucoup trop vite à mon goût.

CAROLE - Maman... N’exagère pas ! Ça fait tout de même deux mois et puis tu le connais Marc... Il est merveilleux, non ?

THÉRÈSE - Oui, justement... Un peu trop même, si tu veux mon avis. Ça cache quelque chose... Comme qui dirait : « trop beau pour être honnête... »

CAROLE - Tu crois vraiment ce que tu dis ? L’autre jour, il m’a pourtant semblé que tu étais tombée sous le charme

THÉRÈSE (sur un ton défensif) - Absolument pas ! Pas du tout ! Quelle idée... Je jouais son jeu, c’est tout... Pour tester sa sincérité, simplement !

CAROLE - En tout cas, moi je l’aime et je suis sûre que c’est réciproque.

THÉRÈSE - Oui, mais qu’est-ce que tu sais de lui ? Tu ne connais presque rien de son passé...


Thérèse, Carole

CAROLE (un peu hésitante) - On a parlé de plein de choses.

THÉRÈSE - De plein de choses... Ma pauvre fille ! Il peut bien te dire n’importe quoi... Tu le regardes amoureusement et il te ferait avaler des anguilles !

CAROLE - Des anguilles ? C’est quoi cette expression... On ne dit pas couleuvres plutôt...

THÉRÈSE - Euh... Si, mais là, je trouvais que ça n’était pas assez dégoûtant... Les anguilles, c’est plus visqueux !

CAROLE - Ecoute, moi je crois qu’il est sincère Marc. Pourquoi est-ce que je ne pourrais pas tomber sur un garçon beau, gentil et sincère ?

THÉRÈSE - Tu es trop naïve Carole, ça te perdra... Et puis je continue à croire que tu t’engages trop vite. Tu pourrais au moins garder ton studio encore quelques temps, au cas où...

CAROLE - Maman, moi je te dis que je suis sûre de moi !

THÉRÈSE - De toi, je veux bien, mais là, tu ferais mieux d’être sûre de Marc... Ah la la, de mon temps, on ne prenait pas des décisions si hâtives... Nous avons mis deux ans ton père et moi avant de nous marier...

CAROLE - On voit le résultat... Deux enfants et tu t’es retrouvée seule à trimer... Avant de nous marier, nous, on préfère vivre ensemble pour vérifier qu’on s’accorde bien !

On sonne à la porte. Floriane et Nathalie entrent.

CAROLE - Salut les filles !

THÉRÈSE - Ah, les plus belles !

Elles se font la bise toutes les quatre.

CAROLE - Vous avez vu ? On a bien avancé hein ? Il ne reste plus grand chose à déménager et j’ai trié presque tous mes souvenirs ! Il ne reste plus que mes photos... Elle montre des boîtes immenses devant elle.

NATHALIE - Ces trois immenses boîtes ? Elles sont remplies de photos ? Tu ne comptes tout de même pas les trier maintenant ?

CAROLE - Si évidemment ! Je ne voudrais pas que Marc tombe sur certaines...

FLORIANE - Quoi ? Tu as des photos compromettantes ?

CAROLE - Celles de tes vingt ans par exemple... Je te rappelle qu’on était légèrement pompette...

NATHALIE - Tu rigoles... on marchait à quatre pattes oui !

CAROLE - Justement... Je préfère les mettre à l’abri.

FLORIANE - N’importe quoi ! Il était chez les moines, à vingt ans, ton Marc ? Il a sûrement fini lui aussi quelques soirées à quatre pattes... Peut-être même pire.

THÉRÈSE - Et moi qui ignorait tout ça ! Je suis bien naïve...

CAROLE - Maman... Tu n’as jamais été jeune toi ?

THÉRÈSE - Si, mais je ne me souviens pas avoir fini à quatre pattes !

NATHALIE - Nous on s’en souvient... Ça ne nous est jamais arrivé de boire à ne plus nous souvenir de rien ! Pas vrai les filles !

Toutes partent en éclats de rire.

CAROLE - Bon, c’est pas le tout, mais il faut qu’on avance un peu... D’autant que... (elle regarde sa montre) Oh ! Mon Dieu ! Déjà 10h00 ! Il faut que je me sauve, ça ferait mauvais genre d’arriver en retard !

FLORIANE - Ah oui, c’est aujourd’hui ton entretien d’embauche ! J’espère que ça va marcher, il paraît que c’est une boîte super... On te tire les pouces ! Euh... C’est tirer ou tenir les pouces ? Je ne sais jamais... Enfin, bon, on te souhaite bonne chance, quoi...

NATHALIE - Allez, épate-les ! Je compte sur toi ! Et puis, merde... Comme on dit.

THÉRÈSE - A mon avis, tu as toutes les chances de décrocher ce poste!

CAROLE - C’est gentil ! Ça va ? Je n’ai pas trop le look déménageuse ?

NATHALIE - Oh, tu sais, ça plait à certains...

CAROLE - Merci, tu me rassures...

Elle sort en riant.

Nathalie, Floriane et Thérèse sont toujours en train de ranger des affaires. Nathalie prend Floriane à part et lui parle.

NATHALIE - Tu crois pas qu’on devrait lui parler ?`

FLORIANE - A qui ?

NATHALIE - A la statue... Mais non, tu le fais exprès ou quoi ? A Thérèse...

FLORIANE (sur un ton naïf) - Tu crois ?

NATHALIE (exaspérée) - C’est la question que je viens de te poser !!!

THÉRÈSE - Qu’est-ce que vous complotez, les filles ?

NATHALIE - Euh... On se posait des questions sur Marc...

THÉRÈSE - C’est vrai que vous ne le connaissez pas encore !

FLORIANE - Vous le trouvez comment vous, Thérèse ?

THÉRÈSE - Si on écoute Carole, il est merveilleux, parfait, il n’y a rien à redire, mais moi, je me méfierais...

NATHALIE - Moi, en fait, je l’ai déjà vu...

THÉRÈSE - Ah ? Tu le connais ?

NATHALIE - Ça serait beaucoup dire... Je l’ai juste aperçu. Il ne savait même pas que j’étais là... C’était hier après-midi. Carole et moi visitions l’appartement quand Floriane a appelé. Carole est partie la chercher. J’ai visité un peu et pendant que j’étais dans la cuisine, il est entré avec un type plutôt louche...

THÉRÈSE - Ça ne m’étonne pas une minute ! Je lui ai dit à Carole : « trop beau pour être honnête »... Et à ton avis, il fait du trafic de drogue ou quelque chose du genre ?

NATHALIE - Ils n’ont pas parlé de trafic... En fait, j’ai cru comprendre que Marc avait une autre femme dans sa vie et qu’il voulait s’en débarrasser pour commencer une nouvelle vie avec Carole...

THÉRÈSE - Et bingo ! J’étais sûr qu’il était malhonnête... Il est vrai qu’il a du avoir pas mal de conquêtes, beau comme il est... Remarquez, s’il la quitte, c’est plutôt bon signe, mais qui nous dit qu’il ne va pas recommencer...

FLORIANE - Le problème, c’est sa manière de faire... Moi aussi je l’ai entendu parler de ça avec un copain, qui avait l’air dans le coup, lui aussi... Il ne veut pas juste la quitter... Il parle de la « liquider ».

NATHALIE - Oui, et c’est ça qu’il organisait avec le type louche... A mon avis, c’était un tueur à gages...

THÉRÈSE - Un meurtrier ! J’aurais dû m’en douter... Son regard n’est pas franc... Je m’y connais moi ! Mais dis-moi Floriane, toi aussi tu l’as espionné ?

FLORIANE - Non, pas vraiment... J’avais oublié mon sac dans le nouvel appart et quand je suis venue voir s’il y avait quelqu’un, la porte était entrouverte... Comme je n’ai pas vu Carole, j’ai hésité à entrer et là, j’ai entendu Marc parler avec un ami. Il a dit quelque chose du genre : « Je me suis arrangé pour qu’il aille chez elle quand elle n’y est pas... » Il parlait du tueur, j’en suis sûre...

THÉRÈSE - Pour le coup, il n’est pas très malin, pourquoi il irait chez elle quand elle n’y est pas ? S’il veut la tuer, il vaudrait mieux qu’elle soit là non ?

NATHALIE (semblant tout à coup se souvenir d’un détail) - Mais, oui, c’est logique... En fait il doit vouloir l’empoisonner... Glisser une substance dans son jus d’orange, par exemple... Je me souviens très bien que le tueur à dit : « Je vous promets, je ne vais pas l’abîmer... »

FLORIANE - Quelle horreur, j’en ai des frissons... Je ne croyais pas que ça existait en vrai des tueurs à gages...

THÉRÈSE - Là, je dois dire qu’il m’épate... Cacher si bien son jeu, engager un tueur à gages, je trouve ça follement excitant !

FLORIANE - Excitant ? Vous n’y pensez pas Thérèse ! Il s’apprête tout de même à vivre avec Carole...

THÉRÈSE - Je sais bien, mais à bien y réfléchir, je ne le crois pas capable de tout ça... Faire un trafic quelconque, détourner de l’argent, oui, peut-être, mais il est trop niais pour comploter un meurtre ! Vous avez dû mal comprendre...

FLORIANE - J’ai aussi pensé qu’on avait mal compris au début, mais plus j’y pense, plus ça me paraît clair... Le copain de Marc a bien essayé de le faire changer d’avis, en lui proposant même de « garder les deux, en attendant d’être sûr qu’elle est bien la femme de sa vie ».... On ne peut pas l’interpréter autrement, ça !

THÉRÈSE - C’est tout de même un beau salaud, si vous me permettez l’expression...

NATHALIE - Ne vous gênez pas Thérèse, on n’en pense pas moins !

A cet instant, on sonne à la porte. C’est Marc qui entre radieux, mais se ravise en voyant la mine d’enterrement des trois femmes.

MARC - Bonjour tout le monde ! Oh, pardon, je vous dérange ? Ça n’a pas l’air d’être la joie...

THÉRÈSE (d’une voix mielleuse) - Bonjour, Marc, je vous présente Floriane et Nathalie, les meilleures amies de Carole, mais elle vous en a déjà parlé, je suppose ?

MARC - Oui bien sûr ! Les fameuses copines d’enfance ! Je sais plein de choses sur vous... Et pas toutes très reluisantes ! Il éclate de rire en s’avançant vers les filles pour leur faire la bise.

NATHALIE (essayant de paraître naturelle et enjouée) - Ah, enfin je vous rencontre Marc ! Carole m’a dit tellement de bien de vous !

FLORIANE (dans le même ton) - Oui, enchantée ! Nous aussi nous savons plein de choses sur vous...

MARC - Elles doivent être bien terribles, vu la tête que vous faisiez à mon arrivée...

THÉRÈSE - Non, ce n’est pas ça... Floriane nous racontait une chose horrible...

NATHALIE - Oui, vraiment horrible ! Elle lance des œillades à Floriane pour qu’elle entre dans le jeu...

FLORIANE - Oui, c’est vrai... Même que Thérèse venait de dire que c’était un salaud... (devant le regard interrogateur de Marc et la mine effarée des deux autres, elle ajoute précipitamment) Euh... Mon mari, je veux dire... Elle s’arrête, visiblement à cour d’idées.

NATHALIE - En fait, Floriane vient de nous raconter qu’elle croit son mari infidèle...

FLORIANE (qui a l’air aussi étonné que Marc) - Hein ?

MARC (qui n’a pas entendu et d’un ton très compatissant) - Mince alors... Je suis vraiment désolé pour vous Floriane...

FLORIANE - Oui, bon ce n’est qu’une supposition pour l’instant...

Carole entre à cet instant, rayonnante !

CAROLE - Je l’ai !!!!! (Elle se jette dans les bras de Marc.) Mon chéri, j’ai décroché le contrat ! C’est super, on va pouvoir se payer des vacances avec ce que je vais gagner en plus !

MARC - J’étais sûr que tu l’aurais ce job, mon amour ! Tu es la meilleure ! Il l’embrasse tendrement.

THÉRÈSE - Oh, c’est merveilleux ! Tu es vraiment comblée ma fille !

FLORIANE (prenant elle aussi une mine réjouie) - Oui, c’est génial, bravo ma Carole !

MARC - Ça se fête ! Allez, je propose que vous veniez dîner à la maison ce soir !

CAROLE - Tu t’emballes ! Rien n’est encore installé ! Comment va-t-on faire la cuisine ? Je n’arrivais déjà pas à mettre la main sur les coupes à champagne, hier !

MARC (l’air faussement outré) - Quoi ? Tu as bu du champagne sans moi ?

CAROLE - C’était avec Floriane et Nathalie, pour fêter ma nouvelle vie...

MARC - Mais je ne te reproche rien !!! (Il rit.) Pour le repas, pas de soucis, on fait un petit buffet froid, sans prétention et on achètera des assiettes et des verres en plastique... Personne ne nous en voudra. (S’adressant aux autres) N’est-ce pas ?

NATHALIE - Pas le moins du monde... Si on s’arrêtait à ça...

MARC - Alors, c’est décidé ! On se retrouve à 18h00 au nouvel appart ! Vous venez aussi belle-maman ?

THÉRÈSE (toujours aussi mielleuse) - Bien sûr, mon petit Marc !

MARC - Fort bien et j’appellerai aussi mon copain Edouard, ça sera l’occasion qu’il fasse ta connaissance, mon cœur ! Allez, si nous voulons être prêts, il ne faut pas s’endormir. Moi, je vais faire les courses ! A tout à l’heure !

CAROLE - Je t’accompagne, il faut que j’aille en ville de toute façon. Je reviendrai plus tard. (Aux autres) On se voit ce soir ?

TOUTES - Oui, à ce soir !

Carole et Marc sortent, bras dessus, bras dessous.

NATHALIE - Formidable ! Un repas avec Marc l’infâme !!! Je n’y crois pas, quel aplomb il a pour un type qui vient de se payer un tueur à gages !

FLORIANE - C’est une bonne occasion de voir si on arrive à en savoir plus ! Et on pourra toujours lui poser des questions discrètement pour savoir s’il est vraiment sincère envers Carole...

THÉRÈSE - Vous êtes sûres que ce sera discret ? Finalement, il est peut-être plus malin qu’il n’en a l’air... Et peut-être aussi dangereux !

NATHALIE - Vous nous connaissez, Thérèse, nous savons être subtiles. Moi, je vais acheter une ou deux bouteilles... C’est toujours plus facile de faire parler les hommes lorsqu’ils ont bu quelques verres...

Carole est seule dans son studio, elle range toujours. Son téléphone sonne.

CAROLE - Allo ?... Ah, Floriane !... Tu veux me « parler » ?.... Bon, bon, si c’est important... Ah, tu es en bas ? Alors pourquoi tu m’appelles ?... Non, Marc n’est pas là, il a du repasser au bureau... Quoi ? Ah, c’est privé... Bon, alors monte ! (Elle raccroche et se parle à elle-même.) Bizarre... ah, mais j’y suis... Ce doit être à propos de ce que Marc m’a raconté... Elle a des doutes sur son mari et elle veut m’en parler seule à seule. Je suis sûre qu’elle se fait des idées... Son mari infidèle, inimaginable !

On sonne à la porte. Carole va ouvrir, et à sa surprise, Floriane n’est pas seule, elle est accompagnée de Nathalie et Thérèse.

CAROLE - Nathalie ? Maman ? Qu’est-ce que vous faites là ? (à Floriane) Je croyais qu’on devait parler d’un truc personnel ?... Je ne sais pas pourquoi, mais ça m’étonnerait qu’on parle de ton mari...

FLORIANE - Mon mari ? Pourquoi mon mari ?

CAROLE - Marc m’a raconté tout à l’heure que tu étais très inquiète quand il t’a vue et que tu avais des doutes sur la fidélité de ton mari... Il est mignon, Marc, il se fait tout de suite du souci, même pour les gens qu’il ne connaît pas encore très bien...

NATHALIE - Ah, oui... Non ça n’a rien à voir. Ça c’est une histoire qu’on a racontée à Marc, parce qu’on a fait une drôle de tête en le voyant... Et pour cause !

THÉRÈSE - Ma chérie, on se fait du souci pour toi !

CAROLE - Pour moi ? Et pour quelle raison ? Encore cette histoire comme quoi je m’engage trop tôt ?

NATHALIE - Avec Floriane, on a surpris Marc en conversation, d’abord avec un type louche, ensuite avec un copain à lui, sans doute le fameux Edouard qu’il invite ce soir...

CAROLE - Quand ça ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire, vous voulez me faire peur ? C’est une blague ?

FLORIANE - Calme-toi, ce n’est peut-être pas si grave...

NATHALIE - Question de point de vue... Il semblerait que Marc n’ait pas été très honnête avec toi... En fait, il n’a pas encore mis fin à sa dernière relation...

CAROLE - Quoi ? Mais c’est impossible... Il est célibataire depuis six mois !

THÉRÈSE - Moi, ça ne m’étonne pas du tout... Je te le répète encore une fois, tout ça me paraît beaucoup trop beau pour être vrai... Il faut se méfier des hommes apparemment sans défaut !

CAROLE - Je ne peux pas vous croire, vous avez dû vous faire des idées... Maman, tu le connais Marc, il est incapable de faire du mal à une mouche !

FLORIANE - Lui sans doute, c’est pourquoi il a chargé quelqu’un d’autre du sale boulot !

NATHALIE - Ecoute, tu sais bien qu’on ne veut que ton bonheur, tu penses bien qu’on ne t’en aurait pas parlé si nous n’étions pas sérieusement inquiètes...

CAROLE - C’est gentil, mais je vous assure que vous vous inquiétez pour rien... Allez, de toute façon, il faut qu’on aille à l’appart, il est bientôt 18h00. Marc et Edouard vont arriver !

THÉRÈSE - Bon, de toute façon, les filles, rien ne sert d’insister, elle est bornée. Mais nous arriverons sans doute à lui prouver qu’elle a tort...

NATHALIE - Oui, sans doute...

Elles s’apprêtent à partir. Mais Carole s’arrête au niveau de la statue.

CAROLE - Tiens, au fait, maman, j’ai contacté un antiquaire pour me débarrasser de ce « monument » !

THÉRÈSE - Ah, enfin, tu te décides à te séparer de cette horreur !

CAROLE - Tu es dure, c’était quand même un cadeau de ma grand-mère paternelle !

THÉRÈSE - Un cadeau ! Tu rigoles ? Elle t’a laissé ça sur son testament, on n’a jamais su pourquoi ! Elle ne t’a presque pas connue cette vieille peau ! Quand ton père est parti, on n’a plus jamais entendu parler d’elle... Sauf quand elle est morte, pour récupérer cette horreur...

CAROLE - Moi, ça m’avait touché qu’elle pense à moi... Mais bon, c’est vrai qu’elle est vraiment horrible et je ne veux pas imposer ça à Marc...

Toutes quittent le studio.

Carole, Thérèse, Nathalie et Floriane arrivent dans le nouvel appartement.

CAROLE - Nous sommes les premières... Bon, installez-vous, je vais chercher ce qu’il faut dans la cuisine.

THÉRÈSE - Je viens t’aider !

Elles se rendent dans la cuisine et les deux autres s’installent sur le canapé.

NATHALIE - Nous y voilà ! Essayons d’en savoir un peu plus, il faut absolument qu’on soit fixées. On ne peut pas laisser Carole continuer ainsi si Marc est le type ignoble qu’on imagine !

FLORIANE - Tout à fait d’accord avec toi... C’est tout de même le sale coup, si c’est vrai...

NATHALIE - On dirait que tu en doutes... Pourtant, il me semble que c’est clair.

FLORIANE - Je sais, mais j’aimerais tellement que nous nous soyons trompées... Elle est si heureuse, ça m’embête de lui briser le cœur...

NATHALIE - Eh oh ! Ne mélange pas tout ! Nous, on lui ouvre les yeux, c’est tout ; c’est Marc qui lui brise le cœur, il ne faut pas se sentir coupables pour lui. Si on ne faisait rien, là, oui, on serait coupables !

Carole et Thérèse reviennent avec un plateau chacune. Sur un, une bouteille de champagne et des coupes en plastique et sur l’autre, des biscuits apéritifs.

CAROLE - Voilà ! De quoi prendre un petit apéro !

A cet instant, Marc entre accompagné d’Edouard.

CAROLE - J’étais sûre que le champagne te ferait venir ! Bonsoir mon chéri !

Elle lui saute au cou, puis se tourne vers son ami.

MARC - Je te présente Edouard, mon ami de toujours. Edouard, voici Carole, la femme qui a changé ma vie.

EDOUARD - Enchanté de faire votre connaissance Mademoiselle, je suis impressionné de rencontrer enfin la fée dont Marc me fait les louanges depuis plusieurs semaines !

CAROLE (un peu gênée par le compliment) - Moi aussi je suis heureuse de vous rencontrer, mais je vous en prie, appelez-moi Carole. A moi de faire les présentations. Voici Thérèse, ma maman, Nathalie et Floriane, mes amies d’enfance !


Edouard, Carole, Thérèse, Floriane, Nathalie

Tous se saluent puis s’intéressent à la bouteille de champagne.

MARC - Allons-y, ouvrons cette bouteille qui ne demande que ça !

Il vient de faire sauter le bouchon lorsqu’on sonne à la porte. C’est Simone qui entre avec une tarte aux pommes dans les mains.

CAROLE - Décidément, vous êtes attirée par le champagne, Simone ! Entrez seulement, cette fois, vous pourrez trinquer dans une coupe, en plastique certes, mais ce sera mieux qu’une tasse !

SIMONE - Je ne venais pas pour ça ! Je me suis dit que puisque vous aviez l’air d’avoir du monde, une petite tarte aux pommes vous ferait plaisir ! Vous ne devez pas encore être bien installés pour faire la cuisine.

MARC - En effet, c’est tout à fait charmant, merci ! Je me présente, je suis Marc, le compagnon de Carole !

SIMONE - Je m’en serais doutée ! Carole n’a pas menti, vous êtes vraiment très beau.... Ah, si j’étais plus jeune !

NATHALIE (lui tendant une coupe) - Voilà pour vous Simone ! Santé à tous, et à la nouvelle vie de Carole, à laquelle nous tenons plus que tout !

FLORIANE - Oui, à Carole et à sa nouvelle vie avec Marc.

Nathalie la regarde d’un air désapprobateur, mais les autres occupés à boire ne remarquent rien.

SIMONE - Je n’ai jamais bu autant de champagne que depuis que je vous connais... Si Marcel me voyait ! (Comme personne ne réagit, elle enchaîne) Marcel, c’est mon mari... Il est resté en bas, il n’osait pas venir...

THÉRÈSE - Mais enfin, faites-le monter ! Qu’il vienne trinquer avec nous ! N’est-ce pas Carole ?

CAROLE - Evidemment, allez le chercher Simone, nous aimerions le connaître.

SIMONE - Bon, si vous insistez...

Elle sort.

NATHALIE - Ah, oui, on ne voudrait pas louper le mari ! La femme, c’est déjà tout un poème, alors !

EDOUARD - Vous la connaissiez déjà ? Ça a l’air d’être un sacré numéro...

FLORIANE - Oui, hier, en moins de cinq minutes, elle nous a presque fait le tour des potins de l’immeuble...

NATHALIE - Et d’après elle, c’est la concierge qui est une fouineuse et une cancaneuse...

CAROLE - Oh, arrêtez, elle est bien gentille tout de même ! Avoir pensé à nous faire une tarte aux pommes.

NATHALIE - Sainte Carole ! Tu ne vois pas que depuis hier elle a du passer des heures à réfléchir à un plan pour revenir et en savoir plus ?

CAROLE - Non, je crois qu’elle est juste gentille.

MARC - C’est tout ma Carole, ça ! Elle voit tout le monde gentil !

NATHALIE - C’est bien ce qui nous inquiète... Mais dites-nous Edouard, parlez-nous un peu de Marc. Si on se fie à Carole, c’est l’homme parfait, sans le moindre défaut !

EDOUARD (goguenard)- C’est vrai qu’au premier abord, il présente plutôt bien, mais ne vous y trompez pas mesdemoiselles ! Ce n’est qu’un séducteur ! Toujours les belles formules, qui font rougir les filles... Un beau parleur quoi !

MARC - Mais écoutez-le, celui-là ! Il voudrait me démolir qu’il ne s’y prendrait pas autrement ! Et dans deux minutes, il va vous raconter que lui, au contraire est d’une sincérité et d’une fidélité absolue...

EDOUARD - Tu m’enlèves les mots de la bouche, mon cher Marc... Je n’aurais pas dit mieux.

Ils rient, les filles sourient, mais on voit bien qu’elles sont confortées dans leur idée.

THÉRÈSE - Qu’est-ce que les hommes ont toujours à se vanter... Ça cache quelque chose ça...

MARC - Oui, ça cache notre manque de confiance en nous Thérèse, rien de plus !

A ce moment, Simone revient accompagnée de son mari.

SIMONE - Voilà, je vous ai amené Marcel, mon mari depuis quarante ans !

MARC - Soyez le bienvenu Marcel, tenez, voici une coupe !

CAROLE - Allez, trinquons ! A nous !

TOUS - A nous !

MARC - Nous n’avons pas prévu un repas très spécial, mais si le cœur vous en dit, vous pouvez vous joindre à nous ! C’est toujours un plaisir de rencontrer des nouveaux voisins.

MARCEL - Merci, mais nous ne voulons pas vous déranger... Ma femme à tendance à s’imposer un peu parfois...

SIMONE - Ah, ne commence pas Marcel, je n’ai rien demandé, moi..

CAROLE - Ne vous en faites pas Marcel, vous êtes tous les deux les bienvenus, Simone a été si gentille de nous faire une tarte !

EDOUARD (s’adressant à Simone et Marcel) - Si je peux me permettre, vous êtes tombés sur des voisins en or ! Surtout Carole !

MARC - Et c’est toi qui veux me faire passer pour un charmeur ?

NATHALIE - Nous, comme l’a dit Thérèse, on ne veut que le bonheur de Carole, charmeur ou pas... (Sur le ton de la plaisanterie, mais ferme tout de même) Alors gare à vous Marc, si vous n’êtes pas à la hauteur de nos attentes !

FLORIANE - Oui et vous pouvez compter sur nous pour vous avoir à l’œil ! Et si vous voulez connaître tous les traits de caractère de Carole, nous sommes là aussi !

CAROLE - C’est vrai que Nathalie et Floriane me connaissent mieux que moi-même...

NATHALIE - Nous savons aussi tout ce qui lui plaît...

MARC - Alors ça, ça m’intéresse, je vous demanderai conseil pour lui faire des cadeaux.

SIMONE - Tu vois Marcel, ça c’est un homme qui sait vivre...

MARCEL - Moi je n’ai jamais eu besoin de conseil pour te faire des cadeaux... Tu t’es toujours chargée toi-même de me dire ce que tu voulais... Et de toute façon, si ce que je fais ne te plait pas, j’en suis renseigné immédiatement, lorsque j’entends ta douce voix chanter mes louanges...

Tous éclatent de rire.

Le lendemain, Marc est seul dans l’appartement, en train de ranger des livres dans la bibliothèque. On sonne à la porte et il va ouvrir. Sandrine entre en pleurs.

MARC - Sandrine ? Mais qu’est-ce que tu fais là ?

SANDRINE - C’est affreux, tout est fini...

MARC - Mais que se passe-t-il ?

SANDRINE - Je suis partie de la maison, ça ne peut plus durer ! Il m’a dit des horreurs...

MARC - Et toi, comme d’habitude, tu n’as rien fait de mal, ni rien dit de blessant ?

SANDRINE - Non... Du moins je ne crois pas ! Mais c’est décidé... Je le quitte !

MARC - Ça c’est une nouveauté !

SANDRINE - Ne te moque pas de moi, Marc, je suis sérieuse...

On sonne encore à la porte. Cette fois, c’est Simone, venue rechercher son plat à tarte.

SIMONE - Bonjour, mon petit Marc... Oh, pardonnez-moi de vous déranger, je venais simplement chercher mon plat à tarte.

MARC - Bonjour Simone ! Il est dans la cuisine, sur le lave vaisselle, allez-y seulement, je vous en prie.

Elle disparaît dans la cuisine, détaillant au passage Sandrine qui se mouche bruyamment.

SANDRINE - Le seul problème, c’est que je ne sais pas où aller, je ne veux pas dormir dehors et puis, je n’ai pas de quoi aller à l’hôtel... Tu ne pourrais pas m’héberger ?

MARC - Encore ! Non, Sandrine, tu exagères, là je ne peux vraiment pas ! Je ne vis plus seul maintenant... Et Carole ne te connaît pas, c’est impossible que tu restes ici.

SANDRINE - Je t’en prie, sois sympa ! Juste pour une nuit, ensuite je disparais...

MARC - C’est absolument exclu...

SANDRINE - Allez, dis oui, dis oui, dis oui (elle insiste en sautillant sur place.)

MARC - Bon, si tu me promets que ce n’est que pour une nuit, tu pourrais peut-être dormir dans le studio de Carole... J’ai justement ses clés, et ce soir nous passons notre première nuit ici, alors, il sera libre.

SANDRINE - Oh oui ! Ce serait formidable Marc ! Elle se jette à son cou.

Simone est revenue de la cuisine, mais ne semble pas pressée de partir. Elle pose même son plat sur la table basse.
Marc la repousse, voyant les yeux brillants d’excitation de Simone qui ne loupe pas une miette de ce qui se passe.

MARC - Ah, Simone, vous avez trouvé ! Très bien, je vous souhaite une bonne journée et encore merci pour la tarte, elle était fameuse. (Il la pousse gentiment vers la porte.)

Elle semble déçue d’être congédiée et part à contre-cœur, laissant son plat sur la table.

SIMONE - J’y vais et encore pardon de vous avoir dérangés... Au revoir mademoiselle...

SANDRINE (distraitement) - Au revoir, Madame...

MARC - J’espère qu’elle ne va pas ameuter tout l’immeuble... Il me semble qu’elle t’a drôlement dévisagée...

SANDRINE (qui a retrouvé son calme et le sourire) - Bah, ça n’est pas bien méchant... De toute façon, on ne fait rien de mal... Je suis ta sœur tout de même...

MARC - Oui, bon... Allez, viens, je t’emmène avec moi ! Nous ne pouvons pas aller tout de suite au studio, Carole doit y être encore, mais nous pouvons aller manger un morceau et ensuite, je t’y emmène.

SANDRINE - Merci Marc, je te revaudrai ça...

MARC - Comme toujours, le problème c’est que c’est toujours toi qui a besoin d’aide !

Ils sortent.