Pièce de théâtre : On déménage !

Carole et sa mère sont dans le studio. Thérèse et Carole nettoient. La statue n’est plus là.

THÉRÈSE - La soirée était vraiment très réussie. Quelle pipelette la Simone ! Son pauvre Marcel a du mal à en placer une !

CAROLE - Oui, c’est vrai, mais elle me fait rire. Lui aussi d’ailleurs... Il a l’air de prendre tout ça avec philosophie...

THÉRÈSE - A mon avis, elle doit passer son temps à observer les allées et venues des voisins.

CAROLE - Sans doute, au moins, ça nous garantit contre les cambrioleurs... Ils n’ont aucune chance de passer inaperçus !

THÉRÈSE - Tu m’étonneras toujours par ton optimisme Carole ! Tu ne vois que le bon côté des choses... Mais ça m’inquiète en ce qui concerne Marc.

CAROLE - Je n’arrive pas à croire qu’il joue un double jeu... Il ne semble rien me cacher... Peut-être bien qu’il n’est pas célibataire depuis six mois comme il le prétend, mais l’important c’est qu’il la quitte non ?

THÉRÈSE - Je ne suis pas d’accord ! Imagine, si c’était toi qu’il voulait quitter ? Tu as bien entendu les filles, il a tout de même parlé de la liquider... Ça change la donne, il me semble.

CAROLE - Oui, mais je reste persuadée qu’elles ont mal compris ou qu’elles se sont fait des idées... Je verrai bien si je peux en savoir plus ce soir. Marc et moi nous passons notre première nuit dans l’appartement.!

THÉRÈSE - Je souhaite que tu aies raison, mais à mon avis, tu manques d’expérience.

CAROLE - Au fait, l’antiquaire est venu ce matin... Il était enchanté par la statue de grand-mère. Il pense pouvoir en obtenir un bon prix. C’est une bonne nouvelle non ?

THÉRÈSE - Oui, même si ce serait étonnant que la vieille t’ait laissé quoique ce soit de valeur.

CAROLE - Toi par contre, l’optimisme ce n’est pas ton fort...

THÉRÈSE - J’étais comme toi en étant jeune, mais la vie m’a appris à me méfier.

CAROLE - Ne t’inquiète pas, ma petite maman, je fais attention à moi ! (Elle colle une bise sur la joue de Thérèse.) Mais là, il faut que je reparte. Je dois aller visiter mon nouveau bureau et rencontrer mes collègues.

THÉRÈSE - Oui et moi, je dois passer voir ta tante. Elle a besoin d’aide pour aller faire des courses. Heureusement que j’ai une voiture !

Elles quittent toutes deux le studio. Pendant ce temps en parallèle, Marc entre dans l’appartement. Il a un énorme bouquet de fleurs qu’il installe dans un vase sur la table.

MARC - Voilà qui devrait plaire à Carole. (Il a l’air très content de lui.) Floriane m’a dit hier qu’elle adorait les fleurs et surtout celles-là !

Il s’assied, se lève, regarde sa montre, fait les cents pas. Il semble inquiet

MARC - Bon, j’espère qu’il ne va pas trop tarder... Je n’ai pas de temps à perdre ! Ah, il me semble entendre quelqu’un dans l’escalier...

Il va vers la porte et l’ouvre, se penche.

MARC - Ah, bonjour Marcel ! Vous allez bien ?

MARCEL (voix off) - Au poil, Monsieur Marc ! Je vais faire mon tiercé, souhaitez-moi bonne chance... Si seulement je gagnais de quoi offrir des vacances à Simone, ça nous ferait le plus grand bien !

MARC - Alors, je vous dis merde, Marcel et bonne journée ! (refermant la porte) Quel homme ce Marcel ! Il espère encore faire plaisir à sa femme, après toutes ces années... Et pourtant, ça n’a pas l’air d’être une femme facile à contenter la Simone... (écoutant en direction de la porte) Ah, cette fois ça doit être lui.

Il ouvre la porte et Jules est sur le palier.

MARC - Je vous attendais Monsieur Jules. Je n’ai pas beaucoup de temps.

JULES - Ah, les jeunes, toujours pressés ! Vous verrez, avec le temps, on se modère ! Comme disait je ne sais plus qui... « patience et longueur de temps... » Bref, je ne m’en souviens plus, mais ça voulait dire en gros que ça ne sert à rien de s’énerver...

MARC - Oui, oui, Monsieur Jules, mais je dois faire encore plein de choses d’ici ce soir, et Carole pourrait arriver d’un instant à l’autre, alors, vous comprenez, je préfère qu’elle ne vous rencontre pas !

JULES - Pas de problème, vous avez les clés ?

MARC - Oui, les voici et là, je vous ai noté l’adresse. (Il lui tend un morceau de papier) C’est au deuxième étage.

JULES - Il y a un ascenseur au moins ?

MARC - Non, il n’y en a pas, malheureusement.

JULES - Bon, tant pis, faudra faire avec, comme qui dirait ! Ou plutôt sans ! (il rigole tout seul) Je prendrai une corde, comme ça, je pourrais la descendre par la fenêtre au cas où elle est difficile à passer dans la cage d’escalier. C’est que j’ai besoin de mon dos, moi, dans mon métier ; mieux vaut éviter les faux mouvements...

Marc le raccompagne gentiment vers la porte.

JULES - Et comment je fais pour vous rendre les clés ?

MARC - Ah... C’est vrai... Eh bien, je vous contacterai demain. Surtout, refermez bien en partant.

JULES - Vous pouvez me faire confiance m’sieur Marc, un vrai pro le père Jules !

Il sort enfin. Marc soupire. Reprend sa serviette et quitte à son tour l’appartement, jetant encore un coup d’œil à son bouquet.

C’est le lendemain, Carole et Nathalie discutent dans l’appartement. Visiblement, elles ont acheté des objets décoratifs et les déballent. Carole parle de Marc. Elle a toujours des doutes...

CAROLE - Tu sais, je lui ai posé plein de questions sur son passé hier soir... Il n’a jamais eu l’air gêné...

NATHALIE - Ah, c’est sûr qu’il cache bien son jeu. Moi-même, si je ne l’avais pas surpris avec ce bonhomme, je me serais laissé duper. Il a peut-être des années d’expérience dans le domaine...

CAROLE - J’ai beau essayer, je n’arrive pas à y croire.

NATHALIE - C’est normal, tu es amoureuse, et on sait très bien que ça occulte la raison... Surtout chez toi ! Mais tu sais, il y a des gens très tordus et parfois, on ne s’en douterait jamais. Tiens, mes anciens voisins !

CAROLE - Madame et Monsieur Martineau ? Eh bien, quoi ? Ils n’ont pas engagé un tueur à gages que je sache ?

NATHALIE - La jeune asiatique qui vivait chez eux, soit disant une étudiante à qui ils louaient une chambre... Et bien, ils l’avaient ramenée d’un voyage en Thaïlande et elle était plus ou moins leur esclave...

CAROLE - Non !!! Tu me fais marcher... Les Martineau ? Des esclavagistes ? Impossible !

NATHALIE - Et pourtant, c’est la triste vérité Carole... Et d’après la police, ils n’en étaient pas à leur premier coup...

CAROLE - Incroyable ! Des petits vieux si charmants... Pour moi, ils représentaient la mamy et le papy de rêve...

NATHALIE - Encore heureux qu’ils n’aient jamais eu d’enfants... Enfin, tu vois bien que les gens qu’on croit connaître peuvent se révéler très différents...

On sonne à la porte. Carole va ouvrir et laisse entrer Simone.

SIMONE - Bonjour Carole ! Ah, vous êtes là aussi mademoiselle Nathalie. Je viens rechercher mon plat à tarte. Il est resté sur votre table de salon. J’étais passée hier et puis, tête en l’air comme je suis, je l’ai posé là et suis repartie sans...

CAROLE - Il n’y a pas de mal Simone, voyez, il n’a pas bougé !

SIMONE - Faut dire que la demoiselle d’hier m’a fait de la peine... Ça m’a toute chamboulée... et du coup, j’en ai oublié mon plat.

NATHALIE - Quelle demoiselle d’hier ?

SIMONE - Eh bien, la petite demoiselle qui était là avec Monsieur Marc ! Elle pleurait à vous fendre le cœur la pauvre !

CAROLE - Marc était ici avec une fille ? Curieux, il ne m’a rien dit... Et pourquoi pleurait-elle ?

SIMONE - Une peine de cœur, sans aucun doute... Heureusement, Monsieur Marc a eu pitié !

NATHALIE - Pitié ? Comment ça ?

SIMONE - Eh bien oui, il la consolait quoi ! Et comme la pauvrette ne savait pas où passer la nuit, il lui a proposé votre studio Carole... Mais, je croyais que vous la connaissiez moi !

CAROLE - Mon studio... (puis, essayant de cacher son désarroi devant la voisine) Ah, oui, c’est vrai, je me souviens maintenant... Marc m’avait parlé d’une amie qui devait passer parce qu’elle avait un souci de logement... Bon, je ne vous retiens pas Simone, Marcel doit vous attendre...

Elle reconduit Simone à la porte, alors que le plat est toujours sur la table. Simone n’a pas l’air de s’en inquiéter.

SIMONE - Marcel... Ça fait bien longtemps qu’il ne m’attend plus... Je parie qu’il préférerait parfois que je ne revienne pas... Mais enfin, je vous laisse. Au revoir Carole, au revoir Nathalie... Et mes amitiés à votre maman !

CAROLE - Je n’y manquerai pas !

NATHALIE - N’oubliez pas votre plat, Simone !

Elle lui rapporte le plat.

SIMONE - Ah oui, quelle tête en l’air cette Simone ! Elle a tout de même l’air un peu déçu de devoir chercher un autre motif pour sa prochaine visite.

Carole est accablée, elle commence à croire vraiment à l’histoire de ses copines.

NATHALIE - Je suis désolée pour toi que cette bonne femme t’ait jeté cela à la tête ainsi...

CAROLE (qui semble au bord des larmes) - Mais enfin, je ne comprends pas... Pourquoi il l’a fait venir ici ? Et c’est quoi cette histoire avec mon studio...

NAHTALIE - Écoute, je ne vois qu’une solution : on file à ton studio et peut-être qu’on la trouve là-bas... Dans ce cas, on la cuisine. Et puis sinon, on cherche à savoir si quelqu’un à effectivement dormi là !

CAROLE - Oui, mais si cette histoire de tueur à gages est vraie, imagine qu’on tombe sur un cadavre !

NATHALIE - Ça se pourrait, mais il faut bien prendre le risque... Imagine que ce soit la police qui retrouve un corps chez toi ! Tu serais dans de beaux draps...

CAROLE - J’ai peur Nathalie... J’ai l’impression de vivre un cauchemar !

NATHALIE - Allez, courage, je suis là... Et en route, j’appellerai Floriane. A trois, on ne sera pas de trop s’il faut déplacer un macchabée...

CAROLE - Quelle horreur, ne dis pas ça... D’autant que si c’est le cas, je tombe raide morte...

NATHALIE - Ne parle pas de malheur, ça nous ferait le double de travail !

CAROLE - Je ne sais pas comment tu peux plaisanter en ce moment...

NATHALIE - Excuse-moi, mais c’est ma façon à moi de prendre courage ! Allons-y !

Elles sortent. Presque aussitôt, Marc et Edouard arrivent dans l’appartement. Ils portent un bocal et un sachet contenant deux poissons rouges.

MARC - Je pense que ça lui fera plaisir, Nathalie m’a assuré que Carole a toujours rêvé d’avoir des poissons rouges !


Marc, Edouard

EDOUARD - Heureusement qu’elle a des rêves accessibles ta dulcinée ! Imagine, si elle avait rêvé d’une piscine d’eau de mer, ou d’un cheval !!

MARC - Eh bien, ça m’aurait pris plus de temps, mais j’aurais tout de même exaucé son rêve... Mais Carole est une fille simple ! Un rien la ravit !

EDOUARD - Ah, les amoureux ! Vous m’épaterez toujours ! Quelle énergie vous avez !

MARC - Où tu les mettrais toi, ces poissons rouges ?

EDOUARD - Dans un bocal avec de l’eau... Pourquoi ?

MARC - Merci du conseil ! Je peux compter sur ton aide je vois...

EDOUARD - Non, plus sérieusement, je les verrais bien là-bas, dans le fond. (Il montre la direction du public.)

Nathalie, Floriane et Carole entrent discrètement dans le studio. Nathalie est la première. A côté, dans l’appartement, il y a toujours Marc et Edouard. Ils rangent des affaires, entrent et sortent de la cuisine.

NATHALIE - C’est bon les filles, pas de cadavre en vue, vous pouvez venir...

CAROLE - Ouf, je n’en menais vraiment pas large !

FLORIANE - Et moi donc ! Si le suspense avait été plus long, je crois que je me serais évanouie !

NATHALIE - Ne faites pas les chochottes !

FLORIANE - Oh, mais on n’a pas ton moral d’adjudant chef, tu sais...

CAROLE - Ne vous disputez pas, il y a autre chose à faire, il faut savoir si une fille a dormi ici cette nuit..

NATHALIE - Tu as raison ! Il faut ausculter le lit ! Si quelqu’un y a dormi, on doit retrouver des cheveux...

FLORIANE - Les Experts en action ! Tu as pensé à prendre une éprouvette pour y déposer les cheveux et les bouts de peau morte... Il ne faut pas oublier l’analyse ADN...

NATHALIE - Aide-moi, au lieu de rigoler !

Elles se mettent à examiner le lit. Tout à coup, on entend du bruit derrière la porte et comme une clé dans la serrure. Ni une, ni deux, Floriane et Carole se précipitent dans l’armoire. Nathalie veut les suivre, mais l’armoire ne peut pas les abriter toutes et elle se jette dans un carton vide qui traîne là. Aussitôt, Jules entre. Il a une corde dans la main.

JULES - Tiens, bizarre, la porte n’était pas fermée à clé... Pourtant, il n’y a personne... Ah, ces jeunes, c’est pas sérieux ! Et où est-elle, je ne la vois pas ? Il a dû changer d’avis et la liquider lui-même ! Il aurait pu me prévenir tout de même. Bon, je vais voir s’il n’y a pas quelque chose qui pourrait m’intéresser, histoire de ne pas avoir fait le déplacement pour rien.

Il commence à farfouiller dans la pièce et s’approche du carton qui abrite Nathalie. Il va soulever le couvercle et les filles se sont glissées discrètement hors de l’armoire, Floriane saisi un tabouret qui est à portée de main, lorsque Nathalie surgit du carton comme un diable de sa boîte !

NATHALIE - Aaaaahhh !

JULES (surpris et faisant un pas en arrière) - Aaaaaahhh !

A ce moment, Floriane l’assomme sans ménagement ! Il tombe sur le lit, complètement K-O.

NATHALIE - Il m’a fichu la trouille ce type... Mais je crois que moi aussi, je lui ai fait peur !

CAROLE - Oui et Floriane n’y est pas allée de main morte ! Le pauvre homme, il est complètement dans les vaps !

NATHALIE - Le pauvre homme ? Je te rappelle juste que c’est un tueur à gages !

FLORIANE - Mais au fait, qu’est-ce qu’il fichait ici ? Comment a-t-il eu les clés ?

NATHALIE - Par Marc évidemment ! Tu l’as bien entendu l’autre jour...

FLORIANE - Oui, mais il s’agissait des clés d’une autre femme non ?

CAROLE - Mais... S’il avait mes clés... Et qu’il est venu chez moi... Ce n’est pas une autre femme qu’il voulait tuer... C’était moi ! Elle s’effondre, cachant son visage dans ses mains, les épaules secouées de sanglots.

FLORIANE - Calme toi Carole ! C’est fini, il est hors d’état de nuire.

NATHALIE - Oui, pour l’instant, mais il peut se réveiller d’une minute à l’autre. Aidez-moi à le ligoter. Nous n’avons qu’à utiliser sa corde.

Elles se mettent à lier les mains et les pieds de Jules. Pendant ce temps, dans l’appartement, Marc et Edouard sont revenus dans le salon.

MARC - Je devrais appeler ce brave Jules pour voir s’il n’a pas d’ennuis...

Il prend son téléphone portable et compose le numéro. Dans le studio, le téléphone de Jules se met à sonner... Carole le sort de sa poche et reconnaît le numéro de Marc.

CAROLE - C’est le numéro de Marc !

NATHALIE - Il appelle sans doute pour savoir si le boulot est fait...

CAROLE - Qu’est-ce que je fais ?

FLORIANE - Laisse sonner, on s’en fiche !

Le téléphone arrête de sonner. Marc range son téléphone.


Marc, Edouard

MARC - Il doit être en plein travail, il ne répond pas. Bon, il faut que je retourne au bureau moi. Edouard, on s’appelle ?

EDOUARD (en riant) - Oui, c’est ça , tu m’appelleras pour réaliser le prochain rêve de la demoiselle.

Ils sortent tous deux de l’appartement.

NATHALIE - Ah, on dirait qu’il revient à lui...

FLORIANE - Tu es sûre qu’il est bien attaché ?

NATHALIE - Oui, aucun risque, j’ai appris à faire des nœuds chez les scouts !


Carole, Jules, Nathalie, Floriane

JULES (qui reprend ses esprits) - Qu’est-ce qui s’est passé ? Qui êtes-vous ?

CAROLE - Je suis celle que vous deviez tuer, vous ne vous souvenez pas ?

JULES - Vous tuer ? Mais vous débloquez !!

NATHALIE - Allez, ne nous racontez pas d’histoire, nous savons très bien que Marc vous a payé pour la tuer !


Carole, Jules, Nathalie, Floriane

FLORIANE - Même que vous aviez promis de faire le boulot discrètement et de ne pas l’abîmer !

CAROLE - Alors ? La mémoire vous revient ?

JULES - Je vous remercie, j’ai toute ma mémoire ! Je ne suis pas un tueur, je suis un brocanteur !

NATHALIE - Un quoi ?

JULES (articulant exagérément) - Un bro-can-teur ! Vous savez ce que c’est non ? Un type qui débarrasse les gens de leurs vieux objets et qui les revend à des collectionneurs...

FLORIANE - Alors que faites-vous ici, avec les clés de Carole et une corde ?

JULES - Eh bien, je venais précisément chercher un de ces fameux objets... Une statue soit disant. Monsieur Marc ne voulait pas la voir dans son nouvel appart, et je devais m’en occuper en douce, sans que sa fiancée n’en sache rien... Mais quand je suis arrivé ici, je n’ai rien trouvé... Et puis ensuite, le trou noir...

NATHALIE (le plus naturellement du monde) - Ensuite, elle vous a assommé avec un tabouret. Elle montre Floriane du doigt.

JULES - Nom de nom, vous avez une sacrée force ! J’ai l’impression que vous m’avez fendu le crâne !

FLORIANE - Mais non, vous aurez une bosse, tout au plus !

JULES - Tout au plus ? Vous en avez de bonnes vous ! C’est déjà pas mal pour un honnête homme qui essayait de faire son travail !

CAROLE - Nous sommes confuses, nous vous avons pris pour un tueur à gages...

JULES - J’ai cru comprendre, oui... Mais est-ce que j’ai la tête d’un tueur, moi ?`

FLORIANE - Non, c’est vrai, en le regardant mieux, il n’a pas l’air très dangereux...

JULES - Bon, maintenant que les présentations sont faites, vous pourriez peut-être me détacher...

CAROLE - Oh oui, bien sûr... Pardonnez-nous, nous sommes un peu chamboulées...

JULES - Et moi donc !

NATHALIE - Laisse, je m’occupe des nœuds... C’est mon rayon !

JULES - Vous êtes bien aimable mademoiselle !

Elle le détache et il se frottes les poignets, puis touche sa tête.

JULES - Une petite bosse vous disiez ? J’ai l’impression d’avoir un œuf d’autruche sur la tête !

FLORIANE - N’exagérez pas ! Je n’ai pas tapé si fort...

JULES - En tout cas, quand je raconterai à ma femme que j’ai été assommé et ligoté par trois jolies filles... elle va en faire une tête ! Il rigole.

CAROLE - Alors vous ne nous en voulez pas trop ?

JULES - Mais non, ma petite ! C’est pas tout, mais je m’en vais me retirer moi... Je crois qu’un peu de repos ne me fera pas de mal... (Il frotte son crâne endolori.) Et au fait, cette statue ?

CAROLE - J’ai demandé à un antiquaire de venir la prendre. Je ne voulais pas imposer sa présence à Marc... Il est venu la chercher hier matin !

JULES - Il a eu plus de chance que moi ! Allez, sans rancune et pardon pour la frayeur !

LES TROIS - Au revoir et toutes nos excuses pour la méprise.

Il sort en se massant le crâne. Carole, Floriane et Nathalie se regardent et éclatent de rire.

CAROLE - Alors là ! Bravo les filles ! On est vraiment les meilleures ! Assommer un brocanteur que l’on prenait pour un tueur !

FLORIANE - Et le ligoter comme un malpropre... Ah non, mais il fallait le faire, quand même !

NATHALIE - En tout cas, on sait se défendre... Dites-moi au fait, il me semble que nous avons une petite leçon à donner à Marc. Même s’il n’est pas l’affreux comploteur que nous imaginions, il a tout de même voulu se débarrasser de la statue de Carole à son insu...

CAROLE - Je ne sais pas si je veux continuer à suivre tes plans... Et puis cette statue de toute façon, je n’en voulais plus !

FLORIANE - Je suis assez d’accord avec Nathalie moi, il ne faut pas laisser passer ça... Il doit savoir qu’il ne doit pas faire des choses dans ton dos...

CAROLE - D’accord, mais c’est moi qui choisis la punition... J’ai d’ailleurs une petite idée...

NATHALIE - Vas-y, raconte !

CAROLE - Il me faut l’aide de Marcel ! Allons le voir !

FLORIANE - Marcel ? Qu’est-ce qu’il a à voir avec ça ?

CAROLE - Tu verras bien, venez, il ne faut pas traîner !

Elles s’en vont.

Je la lirais peut-être quand elle sera postée entièrement...
C'est en combien d'actes ?
C'est comique ?

J'ai même pas lu le début, que j'ai déjà un point de vue. Un avis personnel. Enfin, une critique, quoi !
Après les noms des personnages, tu détailles pas mal leur caractère. Mais techniquement, on ne devrait pas avoir besoin de ça... On doit le comprendre de nous-même en regardant la pièce, non ?
Ou alors, c'est juste une redite de les décrire si profondément au début.

La présentation des personnages au début est plutôt destinée à ceux qui liraient la pièce dans l'idée de la jouer. En général, lorsque la troupe dont je faisais partie cherchait une pièce, c'était d'abord en sélectionnant des textes sur la base des personnages, en regardant s'ils pouvaient correspondre aux membres de la troupes.
Il est vrai que pour les lecteurs, ces informations ne sont pas vraiment utiles.
Pour ce qui est du style, oui, ça a la vocation d'être comique... Maintenant, ceux qui liront me diront ce qu'ils en pensent...
Et c'est en 4 actes, je mets la suite toute à l'heure

Carole est assise sur le canapé, dans le salon du nouvel appartement. Elle a le nez dans un mouchoir et fait semblant de pleurer. Marc entre à ce moment.

MARC - Ma chérie, qu’est-ce qui t’arrive ? Pourquoi pleures-tu ?

CAROLE (entre deux sanglots feints) - C’est terrible, je suis si malheureuse... J’y tenais tellement !

MARC - Mais de quoi parles-tu ? Quelqu’un est mort ?

CAROLE - Non, mais c’est tout comme... Ma statue ! Tu sais, le cadeau de ma grand-mère ?

MARC (avec un ton un peu gêné) - Oui ? Eh bien quoi ?

CAROLE (éclatant en sanglots déchirants) - Elle a disparuuuu... J’ai été cambriolée !

MARC - Mais comment est-ce possible ? Tu es sûre...

CAROLE - Evidemment, sinon je ne serais pas dans cet état. Mon studio a été visité, je te dis, et la statue s’est envolée !

MARC (de plus en plus mal à l’aise) - Mais elle avait de la valeur cette statue ?


Marc, Carole

CAROLE - Oui, une valeur énorme... Mais ce n’est rien comparé à l’importance qu’elle avait pour moi... C’est le seul objet qu’il me restait de ma grand-mère !

MARC (il l’attire contre lui) - Il y a bien un moyen de la retrouver... Ou alors nous en achèterons une autre !

On sonne à la porte. Marc va ouvrir et Nathalie et Floriane entrent, toutes excitées.

NATHALIE (distraitement) - Bonjour Marc ! (s’adressant à Carole) On a trouvé !

FLORIANE - Oui, nous avons son nom et son adresse ! Monsieur Jules Dumarteau, brocanteur !

Marc a un sursaut.

CAROLE (qui l’observe à la dérobée) - Comment avez-vous fait ?

NATHALIE - Il avait laissé tomber ça chez toi ! (Elle exhibe un portable, le sien en réalité.) Et on y a trouvé son numéro privé, ainsi que tous les numéros qu’il a composés et les appels reçus. Ce sera facile de prouver qu’il est coupable.

MARC (visiblement très inquiet) - Euh... Vous êtes sûr de vous ? Ce n’est pas parce que vous avez trouvé son portable que c’est nécessairement lui qui a fait le coup !

FLORIANE - Et qui d’autre alors ?

MARC - Je ne sais pas moi... Un voyou quelconque... Il s’était peut-être fait voler son portable votre Jules Machinchose...

NATHALIE - Ça, la police nous le dira. S’il se l’est fait voler, il a sûrement dû déposer plainte ! Et puis, un brocanteur qui vole une statue, ça colle non ?

MARC - Oui, eh bien justement... Ça me paraît bizarre... Quelqu’un a peut-être voulu lui jouer un mauvais tour. Les brocanteurs sont des gens
honnêtes... Je le sais bien... Mon grand-père était lui-même brocanteur !

On sent bien qu’il invente à mesure.

CAROLE - Tu ne m’avais jamais dit ça mon chéri ?

MARC - Non, non, je n’avais rien dit... Justement... Parce que la plupart des gens ont une mauvaise opinion des brocanteurs... Même si c’est totalement injustifié !

FLORIANE - Celui-ci en tout cas, il n’était pas très honnête ! Allez, il faut que tu ailles déposer plainte Carole.

MARC (en désespoir de cause) - Tu ne préfères pas que j’essaie de le contacter, pour récupérer ta statue ? Je m’occupe de tout...

CAROLE - Tu es en ange, mais ce type doit payer ! Ne t’inquiète pas, je ne serai pas longue !

Les filles sortent de l’appartement, d’un pas bien décidé.

MARC - Aïe, aïe, aïe ! Quelle catastrophe ! Ils risquent de trouver mon numéro sur ce portable ! Je suis fichu. (Il décroche son téléphone à lui et appelle Edouard)Edouard ?... Oui, c’est Marc ! ... Tu peux venir... Non, arrête de plaisanter, j’ai vraiment besoin de toi.... D’accord... Dépêche-toi, s’il te plaît !

Marc est toujours dans l’appartement. Il fait les cents pas, regarde par la fenêtre, attend impatiemment qu'Edouard arrive ! Enfin, on sonne à la porte.

EDOUARD - Alors mon vieux, qu’est-ce qu’il se passe ? Tu m’avais l’air bien paniqué au téléphone.

MARC - Tu parles ! C’est la catastrophe... Je suis perdu... Il faut que je boive un verre. (Il disparaît dans la cuisine.)

EDOUARD (assez fort) - Oui, merci... J’en veux bien un moi aussi... (Il s’avance et parle comme s’il s’adressait au public, avec un ton assez mièvre.) Bonjour ! Comment ça va ?

MARC (qui est de retour avec un seul verre) - Qu’est-ce que tu fais ?

EDOUARD - Eh bien... Je dis bonjour aux poissons rouges !

MARC (en buvant d’un trait) - Tu sais, c’est inutile... Les poissons rouges n’ont que 5 secondes de mémoire...

EDOUARD (se tournant vers lui et voyant le verre unique) - On dirait bien qu’il n’y a pas que les poissons rouges... Tu as oublié mon verre, mais ce n’est pas grave. Dis-moi ce qui te met dans cet état.

MARC - C’est terrible, tu n’imagines même pas ! Carole est désespérée par la disparition de sa statue... Elle et ses amies ont trouvé le portable de Monsieur Jules...


Edouard, Marc

EDOUARD - Je t’avais bien dit que ça finirait mal cette histoire...

MARC - Fais- moi grâce de tes sermons... Dis-moi plutôt ce que je dois faire !

EDOUARD - Ce que je t’ai dit depuis le début... Dire la vérité à Carole... Et vite si possible !

MARC - Tu ne voudrais pas dire que c’était une idée à toi pour atténuer les choses ?

EDOUARD - Tu pousses le bouchon, non ? Je n’ai jamais été d’accord avec ton idée et maintenant, je devrais en endosser la responsabilité ?

MARC - Ma vie future en dépend... Je ne veux pas que Carole me prenne pour un salaud !

EDOUARD - Tandis que moi, c’est pas grave !

MARC - Ah oui ! Elle vit avec moi, pas avec toi... Il ne faut pas qu’elle ait l’impression d’avoir misé sur le mauvais cheval !

EDOUARD - Comme tu y vas ! C’est incroyable... Je dois me faire passer pour le méchant... Bon, si vraiment c’est la seule solution... Soit. Mais tu pourrais peut-être essayer de la récupérer cette statue, il n’est peut-être pas trop tard !

MARC - Excellente idée ! J’appelle immédiatement Monsieur Jules... Euh... Je ne peux pas... Ce sont les filles qui ont son portable... Et à l’heure qu’il est, il doit être entre les mains de la police !

EDOUARD - Et j’imagine qu’ils vont tomber sur ton numéro ?

MARC - Evidemment... Je l’ai appelé plusieurs fois. Tu étais là d’ailleurs, au moment où il était probablement dans le studio de Carole...

EDOUARD - Ah oui... Et tu t’étonnais qu’il ne réponde pas ! Il avait sans doute déjà perdu l’appareil !

MARC - Si j’avais su ! J’aurais pu le récupérer avant que les filles tombent dessus...

EDOUARD (exaspéré) - Si... Si... Si... Et si tu ne t’étais pas lancé dans cette histoire stupide ! J’espère que ça t’aura servi de leçon et que tu vas arrêter de raconter n’importe quoi !

MARC - Oui, maintenant, c’est décidé... Plus d’invention ! Je dis la vérité à Carole... Enfin, avec ton aide tout de même... Et si tu pouvais glisser un mot sur mon grand-père...

EDOUARD - Qu’est-ce que ton grand-père vient faire dans cette histoire ? Il est mort non ?

MARC - Je sais bien, mais tout à l’heure, j’ai voulu trouver un alibi à Monsieur Jules, en prétendant qu’il n’était sans doute pas le voleur... Que les brocanteurs étaient d’honnêtes gens...

EDOUARD - Je ne vois toujours pas le rapport avec ton grand-père... Il était peut-être honnête, mais pas brocanteur que je sache ?

MARC - Eh bien si justement... Enfin, non, il était cheminot, mais j’ai raconté aux filles qu’il était brocanteur, et que je savais à quel point les gens avaient des a priori sur les brocanteurs...

EDOUARD - Fameux ! Tu es remarquable... Et sur les informaticiens menteurs ? Ils se font des a priori les gens ?

MARC - N’en rajoute pas, je suis bien assez puni comme ça...

EDOUARD - Alors arrête le tir... Dis les choses simplement, et fiche la paix à ton grand-père ! Allez viens, tu me fais de la peine, on va aller le trouver ton brocanteur... Il n’est peut-être pas trop tard... Et imagine la joie de ta Carole si tu reviens avec sa chère statue...

MARC - Génial ! Mais oui, c’est la solution... Et de toute façon, je dois récupérer les clés de Carole. Merci Edouard, tu es vraiment un ami..

EDOUARD - Trêve de bavardage ! Non mais... Un grand-père brocanteur... C’est la meilleure...

Ils s’approchent de la porte pour sortir.

Mais au moment de sortir, Carole entre, suivie de Nathalie, Floriane et un Marcel vaguement déguisé pour l’occasion. Il porte un imperméable, une casquette et a une pipe dans la bouche. C’est un savant mélange de Columbo, Maigret et Sherlock Holmes !

CAROLE - Ah, bonjour Edouard. (à Marc) Je te présente l’inspecteur Laporte qui a bien voulu s’occuper de mon affaire.

MARCEL (qui prend un ton très sérieux) - Bonjour Monsieur. Oh, ne vous inquiétez pas, l’enquête sera de courte durée... Nous avons déjà une sérieuse piste.

EDOUARD (il prend la parole, voyant que Marc reste muet) - Justement, nous allions partir chez ce fameux brocanteur pour lui parler d’homme à homme...

MARCEL - Ne vous donnez pas ce mal, c’est du ressort de la police ça, Monsieur.

MARC - Il risque quoi au juste ?

MARCEL - Ça dépend... S’il a agi de sa propre initiative ou s’il a fait le sale boulot pour quelqu’un...

EDOUARD (visiblement inquiet) - Pourquoi quelqu’un lui aurait demandé cela ?

MARCEL - Oh, vous savez, il y a autant de mobiles que de criminels !

MARC - Criminel... Comme vous y allez !

MARCEL (très fermement) - Oui, criminel, parfaitement... Vous saurez que le vol est un crime au regard de la loi !

NATHALIE - Et monsieur Laporte a des indices sérieux... Il paraît qu’il n’y a pas de trace d’effraction, plutôt bizarre pour un cambriolage non ?

MARCEL - Oui c’est exact... Ce qui laisse présumer que le voleur possédait les clés...

FLORIANE - Et puis, il y a aussi son portable...


Carole, Floriane, Nathalie, Marcel, Edouard, Marc

MARCEL - Tout à fait ! Et j’ai ici... (il sort de son imperméable une dizaine de feuilles de papier) toute la liste des appels émis et reçus par ce portable... Il y a les numéros, la durée des appels, et même la localisation...

EDOUARD - Quoi ? On peut localiser la provenance d’un appel de portable ?

CAROLE - Bien sûr ! Vous ne le saviez pas ? Mais c’est pourtant une méthode courante...

MARCEL - Vous avez raison mademoiselle et elle nous permet d’appréhender de nombreux criminels... D’ailleurs, je vois qu’un appel a été émis depuis votre quartier on dirait... (il regarde plus attentivement ses feuilles. Marc et Edouard essaient de lire par-dessus son bras) Oui, c’est bien ça... L’appel venait de votre immeuble !

MARC (essayant de feindre l’étonnement) - Non ! Pas croyable !

A cet instant, on sonne à la porte. C’est Simone ameutée par tout ce monde...

SIMONE - Pardonnez-moi Carole... (voyant tous les autres) Oh, bonjour tout le monde... Je passais juste vous remettre ce courrier. Il est arrivé ce matin et j’ai signé pour vous... Le facteur me connaît bien et ça vous évitera un déplacement à la poste.

CAROLE - Merci Simone, c’est bien aimable.

SIMONE - Eh bien, il y en a du monde chez vous ! Mais... Vous en faites des têtes... Et ce monsieur là... Qui est-ce ?

Elle se déplace pour voir le visage de Marcel qui essaie tant bien que mal de se cacher.

SIMONE - Mais... Mais... Marcel ?

EDOUARD - Comment ça, Marcel ?

CAROLE (précipitamment) - Simone, je vous présente l’inspecteur Laporte...

SIMONE - L’inspecteur Laporte ? (elle a visiblement reconnu Marcel et s’approche de lui. Marcel essaie de remonter son col et de se faire le plus petit qu'il peut... Simone lui arrache sa fausse moustache) Marcel ! Mais qu’est-ce que tu fabriques ici... (elle lui enlève sa casquette qu’elle jette par terre) Inspecteur Laporte, je t’en foutrais moi !

MARCEL - Mais... Simone... Laisse-moi t’expliquer !

MARC - Marcel ? C’est bien vous ? Mais, je ne comprends plus rien moi !

Les trois filles éclatent de rire, bientôt imitées par Marcel.

SIMONE - Vous allez vous expliquer, oui ? Qu’est-ce que ça signifie ? Et arrête de rire comme un gamin Marcel !

EDOUARD - Je crois que j’ai une vague idée... Ça serait un coup monté pour t’effrayer que ça ne m’étonnerait pas Marc !

CAROLE (reprenant son sérieux) - Tout juste... Nous avions un petit compte à régler mon chéri ! Une sombre histoire de statue...

MARC - Pardonne-moi, Carole... J’ai été stupide. Je ne savais pas que tu y tenais tant et...

EDOUARD (se souvenant de son rôle) - Oui et c’est moi qui ai proposé à Marc les services de ce brocanteur...

MARC - Laisse tomber, Edouard, c’est gentil, mais c’est moi l’unique coupable. Je n’aimais pas cette statue et je voulais qu’elle disparaisse... C’était égoïste... Je ne me doutais pas qu’elle avait tant d’importance à tes yeux. (Se dirigeant vers Marcel.) Si vous voulez bien me passer les menottes, monsieur l’inspecteur...

CAROLE (se jetant à son cou) - Mon chéri, tu es tout pardonné... De toute façon, je ne la voulais plus cette statue... Et toi, tu me pardonnes ma petite mise en scène ?

MARC - Evidemment ! Il l’embrasse.

FLORIANE - Tout est bien qui finit bien !

SIMONE - Si on veut... Il me semble que Marcel a quelques explications à me fournir...

NATHALIE - Ne soyez pas trop sévère, Madame Simone... Il nous a rendu un fier service...

SIMONE - Et dire que je n’étais au courant de rien !

MARCEL - Ça, c’était une condition indispensable à la réussite de notre plan... Si tu l’avais connu, ma colombe, tout le quartier aurait été au courant !

SIMONE - C’est ça... Fais-moi passer pour une pipelette...

MARCEL - Disons simplement que tu as du mal à garder un secret... (souhaitant éviter les reproches) Mais c’est uniquement à cause de ta folle générosité !

SIMONE - Ouais... Tu t’en sors bien !

CAROLE - Il me semble que le moment est tout trouvé pour trinquer à la réconciliation...

Carole part à la cuisine, suivie de Floriane. On sonne à la porte. Nathalie ouvre et laisse entrer Jules.

JULES - Bonjour la compagnie ! Oh, mais j’ai l’impression que ce petit monde a eu une explication ! Je venais vous rapporter les clés, Monsieur Marc...

MARC - Vous tombez bien Jules... Justement, est-ce que vous avez toujours la statue ?

JULES - Vous plaisantez ? Je ne l’ai même jamais vue votre statue !

Carole et Floriane sont de retour.

FLORIANE - Oh, monsieur Jules ! Vous boirez bien une coupe avec nous !

JULES - Ce n’est pas de refus... Dites donc, vous me faites meilleur accueil qu’hier !

EDOUARD - Pardon, mais nous parlions de la statue...

NATHALIE - Laissez tomber Edouard. Monsieur Jules dit vrai... Il ne l’a jamais eue cette statue.

CAROLE - Mais non, je n’ai pas encore eu le temps de tout t’expliquer Marc... En fait, j’ai moi-même confié cette statue à un antiquaire qui est venu la chercher avant Monsieur Jules... Il m’a assuré qu’il en obtiendrait un bon prix !

JULES - Il a eu plus de chance que moi... Moi, j’ai seulement obtenu une belle bosse !

MARC - Comment ça ?

JULES - Oui, quand je suis arrivé dans le studio de la demoiselle, je n’ai pas vu de statue, mais un diable est sorti d’une boîte et un autre m’a frappé par derrière...

FLORIANE - Oui, nous étions cachées dans le studio et nous avons assommé Monsieur Jules...

NATHALIE - Et ligoté pour lui faire tout avouer...

CAROLE - Nous l’avions pris pour un tueur à gages...

MARC - Un tueur à gages ? Quelle idée... Mais comment saviez-vous qu’il devait venir à ce moment ?

CAROLE - Nous n’en savions rien... Nous étions au studio pour vérifier si... (brusquement, elle semble se souvenir de ce qui les a poussé à inspecter le studio) Mais au fait... Il nous manque toujours une explication...

Elle avance vers Marc d’un air menaçant, mais on sonne encore à la porte. Nathalie ouvre encore une fois. Thérèse entre, suivie de Sandrine.

CAROLE - Maman, tu es là ? Mais qui est cette fille ?

THÉRÈSE - Nous nous sommes rencontrées dans l’entrée... Elle venait chez vous !

SIMONE (à Sandrine) - Ah, mais je vous reconnais mademoiselle ! Vous allez mieux ? Vous avez l’air plus joyeuse !

SANDRINE (rayonnante) - Oui, merci, ça va beaucoup mieux.

CAROLE - Ça ne nous dit toujours pas qui est cette fille ? Tu as une explication Marc ?

MARC - Cette fois oui ! Et elle est toute simple. Carole, je te présente ma sœur, Sandrine.

NATHALIE - Et c’est elle qui a dormi dans le studio ?

SANDRINE - Oui, je m’étais disputée avec mon mari, et Marc m’a gentiment prêté le studio, car je ne savais pas où dormir

FLORIANE - Tout est simple en effet !

THÉRÈSE (regardant la bouteille de champagne) - Vous vous apprêtiez à fêter quelque chose ?

MARC - Oui, la réconciliation ! Je vous expliquerai Thérèse !

CAROLE - Il va nous falloir des verres en plus... Et peut-être bien une bouteille ! Ouvre déjà celle-ci mon chéri.

Elle part dans la cuisine et revient presque aussitôt avec trois verres et une autre bouteille.

JULES - Ah ! Ça va faire du bien ! Toutes ces émotions m’ont laissé une petite soif !

SIMONE - Et encore du champagne ! Décidément, je vais y prendre goût moi !

Pendant ce temps, Carole et Marc ont servi chacun.

MARC (levant son verre) - A la réconciliation !

SANDRINE - Bon et bien je crois que le moment est tout trouvé pour vous faire mon petit cadeau ! (Marc et Sandrine la regarde, surpris) Oui, pour votre nouvel appartement et aussi pour te remercier, Marc, de m'avoir dépannée l'autre jour... Ne bougez pas, je vais le chercher; je l'ai laissé dans l'entreé ! (elle sort)

CAROLE - Un cadeau ? Oh ben ça, c'est gentil !

MARC - Ah ! C'est ma soeur ! Que veux-tu !

Sandrine revient, avec un immense objet recouvert d'un drap... Elle le pose au milieu du salon et défait le drap ! Apparaît alors sous les yeux ébahis de tous : LA statue !

CAROLE - Ma statue !

Bon alors ? Je fais quoi ? Je jette ?

"Jeeeette !"


Non, pardon, c'est une excellente réplique d'Objectif Nul

Moi je ne l'ai toujours pas lu, c'pas gentil.